On vous a déjà raconté notre navigation à Madagascar
dans le carnet de bord mais Madagascar c’est tellement
de surprises et d’étonnement, la nature, les hommes,
la société que nous ne pouvons pas rester muet. Vous
voilà partis avec nous à la découverte du milieu à
Madagascar, impressions, rencontres, ce qui ne saurait
être bien sur une vision exhaustive de l’état de l’environnement
sur cette île.
 
Madagascar : une île à
la nature étonnante mais une nature
en péril
Et si on vous disait que 100% des mammifères
terrestres de Madagascar sont endémiques, c’est
à dire que vous ne les verrez nulle part ailleurs
(sauf dans les zoos ou chez des particuliers de façon
plus ou moins légale). Comme les lémuriens,
cousins des singes qui n’existent que sur Madagascar
(et quelques espèces aux Comores). Ici, ils
sont protégés et « fads »,
c’est à dire sacrés, personne
ne doit les toucher et pourtant pour 75000 Fmalgaches
(11 euros) on peut en acheter un à Majenga.
 
 
 
Qui sont ces drôles de lémuriens
dans le baobab ?
Mais la forêt est en péril, la déforestation
à Madagascar tourne à un vrai désastre
écologique et humain. Madagascar, autrefois
île verte est devenue aujourd’hui au 2/3
semi-désertique. Non seulement les plantes
et les animaux disparaissent et de nombreuses espèces
sont menacées d’extinction mais la disparition
des forêts entraîne une fragilisation
du sol, inondations et érosion du sol, sécheresse
marquée en saison sèche par l’absence
de couvert végétal. On trouve alors
sur des centaines de kilomètres un paysage
désolé comme au sortir de Majenga.
 
Cette déforestation est une pratique ancestrale,
les paysans défrichent et brûlent une
parcelle de forêt pour la culture et l’élevage,
puis continuent la culture sur brûlis sur la
savane et enfin délaissent la parcelle lorsque
le sol s’appauvrit. Aujourd’hui, les feux
de brousse sont interdits mais Madagascar est grande
et les pratiques tenaces. Il y a toujours une fumée
à l’horizon et comme dit le dicton, «
pas de fumée sans feu ».
 
La déforestation c’est aussi l’utilisation
du bois comme matériau et comme bois de chauffage
et à charbon. Ici, tout le monde cuisine au
charbon dehors sur un « fatapera » (brasero).
Une bonbonne de gaz est trop chère pour la
plupart des malgaches et l’énergie solaire
est encore au stade expérimental et coûte
aussi trop cher en investissement. D’autres
sources d’énergie comme le biogaz sont
aussi des exemples prônés par des ONG
mais non répandues.
Pour protéger la forêt et la biodiversité
de Madagascar, de nombreux parcs existent et lors
de notre visite à Ankarafantsika, le contraste
était saisissant entre les terres brûlées
et les forêts du parc, forêt sèche
et forêt de bord de rivière avec ses
habitants aussi étonnants que les caméléons,
les tortues terrestres et même les crocodiles.
Autant vous dire que l’on ne s’est pas
approché des crocodiles, et qu’il est
bien précisé de ne pas se baigner dans
les eaux du lac du parc. Toutefois on a vu de nombreux
pêcheurs, dans l’eau jusqu’à
mi-cuisse un peu plus loin.
 
 
 
Par contre on a bien regardé leurs cousines
les tortues, surtout que dans ce parc sont en élevage
les tortues terrestres angonoka (Geochelone yniphota),
très menacées, vivant un peu plus au
sud dans les forêts de bambous de Soalala. 200
tortues sont nées depuis dans le parc. Et aussi
les tortues d’eau douce, les rere, Erymnochelis
madagascariensis , menacées par la consommation
humaine.
Film tortue
Madagascar, une société de
non consommation
Ici, ce qui est flagrant, c’est le peu de déchets,
pas comme à Mayotte et pas comme en Europe.
Tout est récupéré, peu est consommé.
Les bouteilles de coca en verre sont officiellement
consignées, les autre bouteilles, plastique
ou verre valent 1000 FMG au marché. Et chaque
fois que nous nous arrêtons dans un village,
les gens nous demandaient des bocaux, des boites.
Même les boites de conserve usagées servent
de mesure ici pour vendre, un « capo »c
de cacahuètes, deux « capocs »
de lentilles… Plutôt que photographier
les déchets dans la nature on s’extasie
devant les trésors d’ingéniosité
de récupération. Ici pas de magasin
de jouets (pauvres enfants, enfants pauvres ?) mais
leur camions et leurs bateaux sont bien plus beaux
que les nôtres en plastique bruyants à
piles et leur imagination toujours en action.
 
Et pour l’énergie, celle du vent est
très sollicitée, transport, pêche.
Tous les bateaux ou presque naviguent à la
voile, aucun n’a de moteur. Ce sont les pirogues,
partant au jusant le matin et revenant le soir avec
le flot, leur voile triangulaire gonflée par
la brise.
Ce sont les boutres transportant des vivres, du charbon,
du raphia ou même des passagers, leurs voiles
déployées, seul moyen de communication
de bien des villages vu l’absence ou le mauvais
état des routes.
 
 
Retour de pirogues au village
des pêcheurs de Majenga |transport de raphia | Un
boutre neuf, mis à l’eau en baie de Morambe
 
 
Quid de la pollution et
des énergies ? La force des bras, la force de l’animal
(zébus)
Dans les rues de Majenga de l’animation, certes
mais du bruit, pas tant que cela. Les canalisations
creusées sur le bord des routes pour évacuer
les eaux de pluies, eaux usées, sont faites
à la main. L’eau courante, un rêve
pour beaucoup de malgaches et chacun porte ses deux
seaux vides jusqu’au point d’eau puis
pleins jusqu’à sa case."L’accès
à l’eau, une priorité pour la
décennie à venir », dit le Monde.
Au fait ça ne vous fait pas penser à
la ménagère bretonne sortant du supermarché
avec ses deux packs de 6 bouteilles d’eau dans
chaque main ?
Et quand on a pas les moyens d’avoir une voiture
ou de se payer un taxi 5000FMG (5F) la course, on
prend un pousse. Les enfants, les nôtres mais
aussi les malgaches, apprécient. Nous on marche
à côté, les bras chargés
de fruits et légumes (les malgaches eux libèrent
leurs mains et portent sur la tête).
Au fait, en parlant de priorité pour la décennie
à venir, on vous livre deux dessins d’enfants
: